VI -
L’Eglise pense en poète,
elle sait lire tes manières
et la Liturgie parle ta langue d’Amour.
Tu es ce pélican sculpté, peint, gravé sur les autels,
les tabernacles, les ciboires,
oiseau de feu brodé sur la tenue des sacrificateurs.
Christ-Pélican, tu t’habilles en prêtre :
tu portes une chasuble de sang.
Les coups de bec dans tes flancs, les dégoulinures coagulées depuis des heures
font des plis foncés dans ta robe.
L’insigne du pouvoir est sur ton épaule :
une étole dorée.
Ton pouvoir, c’est d’aimer sans mesure.
Personne ne m’aime comme toi.
Tu es Roi de l’univers en souffrant hors limites,
en saignant la mer Rouge de nos Calices innombrables.
Chaque jour, tu verses à tes petits ce breuvage de joie
tiré à la cuve abyssale
de tes souffrances.
D’épines couronnée, ta tête incline vers la terre ;
tu n’es que douceur et humilité.
Le roseau dans ta main est ton sceptre royal qui fait pitié.
Tu es tout et tu n’es rien ;
que jamais le clergé ne l’oublie !
Comme on t’a ôté la tunique,
je dois me dépouiller de moi-même,
me défaire de mon orgueil misérable d’officier romain
– mon orgueil d’occupant –
pour revêtir tes outrages, refléter ton visage
et devenir pélican.
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