V -
Suspendu,
charcuté dans tous les coins,
les chevilles et les poignets traversés par du fer,
tu es devenu l’homme des douleurs,
l’homme tout rouge.
Comme le soleil en se couchant donne à la mer
des reflets polychromes,
ton Amour répand sur ton ignominieuse mort
les splendeurs d’un autre monde.
Ton Sang lave.
La haine en fusion est sur toi tandis que l’Amour sort de toute ta peau.
De ton adorable Corps surgit ce Niagara de Sang
dont par miracle la Coupe ne déborde pas.
J’ai tout ton fleuve écarlate dans la bouche,
dans la gorge et jusque dans le ventre.
Jusque dans l’âme.
Passe et repasse en nos cœurs cette jeune lave du Fils.
Tes vêtements amples et pourpres me rappellent cette effusion magnifique,
laquelle il faut boire, sous peine de périr.
Car tu l’as versée pour qu’elle soit bue
et tu es mort pour que je vive.
Tu t’es éteint pour que je m’embrase,
tu as explosé pour me sauver.
Au Calvaire se voit ton abdomen,
ton ventre nu sous tes côtes.
Ta Miséricorde, rien n’est plus concret.
Rien n’est plus réel que ton Amour viscéral.
Rahamim : « utérus », disent les Hébreux dont tu es.
Splagkhna : « entrailles », dit-on chez les Grecs dont je suis.
Tes entrailles m’ont porté, elles nous portent tous
et c’est le paradis.
Je les adore ces entrailles folles.
Dans l’ostensoir du supplice, j’adore ta Miséricorde.
J’adore ton thorax asphyxié
et ton Cœur qui saigne à l’infini.
J’adore ton Corps grand ouvert où l’on entre quand on communie.
La Miséricorde n’est pas autre chose que toi-même.
Tu souffres autant que tu m’aimes
et tu meurs tant que tu donnes la vie.
Il n’y a plus beaucoup de peau sur ton Corps,
mais cette aveuglante bouillie sur toi, c’est la Lumière.
Que dire de plus devant tout cet amour sinon que j'en suis bouleversé.
Merci cher Stephen🙏