IV -
Tu me tends la Coupe.
Elle est de mon côté sur la table,
elle est pour moi.
La Messe est ta manière folle d’être convivial.
Pour les siècles et pour la multitude, tu vides l’outre de ta chair
dans le calice des prêtres.
Ton sacrifice immense, je le vois et tu me le donnes :
« Bois, puisque je t’aime. »
Tu bénis la Coupe.
Tu bénis ton sacrifice.
Tu aimes ta mort.
Tu es heureux de ton jusqu’auboutisme amoureux.
Ton Sang, tu l’as versé content,
sans colère,
mêlé à tes pleurs d’agneau.
Tu es content d’être mort,
de cette mort qui était un cadeau.
Tu ne fais qu’un avec la Croix.
C’est ta Croix.
N’es-tu pas Jésus de la Croix ?
Elle est là, en toi.
Elle t’accompagne,
comme un arbre toujours en plein milieu du paysage.
Avoir la Croix pour horizon...
Penchée sur toi, elle épouse ta silhouette,
et à vrai dire, cette Croix c’est tout toi.
Elle est le buisson, et toi le feu à ses branches qui n’en finissent pas de flamber.
Mais il n’y a plus de buisson d’une part, de feu d’autre part ;
il n’y a plus qu’un buisson embrasé, le Christ crucifié,
buisson ardent, buisson rouge,
et en face mon cœur à nu.
L’arbre plie dans la tempête qui s’abat sur la montagne :
c’est la Pentecôte au Golgotha où tu expires sur nous.
Je vis de ton dernier souffle.
L’armature de l’Eglise, ce sont ces poutres où tu es mort
assassiné ;
on t’a cloué à la charpente d’une Maison faite pour nous.
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